Les plantes sont les mères de nos médicaments

2/12/2021 Dans: Processus de fabrication

Les plantes sont les mères de nos médicaments. Exemple de l’aspirine.

Depuis des millénaires …

Aussi loin que remontent nos connaissances, pour soulager la douleur, les Sumériens et les Egyptiens connaissaient les vertus du saule (Salix alba) dont ils faisaient un double usage : par voie interne, des décoctions d’écorce, par voie externe, des cataplasmes de feuilles. Puis ce sont les fleurs de reine des prés (Spirea ulmaria) qui furent associées au saule. Les deux « pères » de la médecine, Hippocrate et Galien, utilisaient pour calmer la douleur le saule et la reine des près. Il en fut ainsi pendant des millénaires.

Un pharmacien de Vitry le François

Depuis plusieurs siècles, on cherchait à découvrir quelle molécule pouvait avoir cette propriété antalgique dans le saule et la reine des prés. Et c’est en 1829 qu’un pharmacien de Vitry le François âgé de 34 ans, Pierre Joseph Leroux, isola pour la 1^e fois à partir de l’écorce de saule un composant actif qu’il nomma « saliciline » en rapport au nom latin du saule (Salix). Pour faire cette découverte, Pierre Joseph Leroux employa la même méthode qui avait permis d’isoler la molécule de quinine à partir de l’écorce du quinquina.

L’ancêtre de l’aspirine

A partir de cette saliciline, on fabriqua un remède nommé « acide salicylique » qui fut prescrit à grande échelle dans les années 1830-1850 aux personnes souffrant de migraine, rhumatismes ou tout autre affection douloureuse. Mais ce remède avait d’épouvantables (le mot n’est pas trop fort) effets secondaires : un goût très désagréable, un effet irritant sur les muqueuses buccale, œsophagienne, stomacale et intestinale. On soulageait la douleur, certes, mais à quel prix : violentes brûlures d’estomac, colite, ulcères …

Un génial chimiste de Montpellier

C’est dans un modeste laboratoire de l’Université de Montpellier qu’un jeune et génial chimiste de 24 ans nommé Charles Gerhardt va réussir en 1853 la synthèse de l’acide acétylsalicylique en transformant la fonction phénol de l’acide salicylique par acétylation.

Cette découverte majeure est l’acte de naissance réel de l’aspirine bien que cette invention tomba dans l’oubli avec la mort prématurée de Charles Gerhardt emporté par une péritonite. Mais ce scientifique ne fut pas pris au sérieux. Et pourtant … « Gerhardt est le véritable inventeur de la molécule connue plus tard sous le nom d’aspirine car c’est lui, le premier, qui a fait la synthèse de l’acide acétylsalicylique ». Pr Jean-Marie Vetter. « Gerhardt est mort méconnu, son invention étant passée à la trappe, Hoffmann n’ayant fait que reprendre ses travaux ». Pr Jean-Yves Pabst.

Son père avait de l’arthrose …

Félix Hoffmann travaillait dans une fabrique allemande de colorants dirigée par un certain Adolf Von Bayer. Son père avait de l’arthrose, souffrait atrocement et ne pouvait pas prendre de l’acide salicylique, car ce remède lui déclenchait des hémorragies. Ayant eu connaissance de la découverte de Gerhardt, Hoffmann mit au point une nouvelle méthode de synthèse de l’acide acétylsalicylique pouvant être reproduite industriellement.

« Jackpot »

Le 1e février 1899, la firme Bayer déposa la marque Aspirin, le a suggérant le mot acétyl et spirin le nom latin (Spirea) de la reine des prés qui poussait alors en quantité sur les rives de la rivière Horn proche, or nous avons vu que l’acide acétylsalicylique est un dérivé du principe actif antalgique présent à l’état naturel dans les fleurs de reine des près.

Un mois plus tard, le 6 mars 1899, Adolph Von Bayer déposa à l’Office Impérial des Brevets de Berlin un tout nouveau médicament nommé Aspirin. La firme de colorants devenait … laboratoire pharmaceutique ! Ce médicament aujourd’hui le plus vendu dans le monde depuis plus de cent ans est la parfaite illustration de la filiation des médicaments et des plantes médicinales qui renferme les molécules servant à les fabriquer.

L’équipe Herbory Story’s

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